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21 août 2011
Les réformes politiques annoncées par le pouvoir en Algérie sont floues. Le système ne veut pas aller vers des réformes qui mettraient sa survie en danger ». C’est ce qu’a affirmé, Mohamed Hennad, professeur en sciences politiques à l’université d’Alger.
Intervenant, vendredi dernier lors d’une conférence organisée par le LADDH sur le thème « La problématique des réformes en Algérie », le professeur s’est longuement étalé sur le constat enregistré depuis le début du processus des réformes en Algérie. Il relève d’emblée « un manque de transparence » qui caractérise la démarche du pouvoir. « Les réformes annoncées par le président avancent dans l’obscurité tous feux éteints », estime-t-il. Selon lui, on ne sait pas jusqu’à quel point le pouvoir est prêt à aller dans ses réformes. Dans ce sens, le professeur affirme que le système est incapable de toucher le seuil des réformes imposé par les révolutions dans le monde arabe. Et c’est ce qui explique, indique-t-il, son recours à une démarche incohérente pour réaliser ses réformes. « On ne peut pas commencer les réformes par l’amendement de certains textes législatifs avant la loi fondamentale du pays. C’est illogique ! », ajoute-t-il. Et d’enchaîner : « Ce sont en réalité des réformes esthétiques ». Selon Mohamed Hennad, la démarche du pouvoir est biaisée d’entrée.
« L’installation de la commission chargée des consultations et les personnes mises à la tête de cette instance ont affaibli sa crédibilité et instauré une crise de confiance par la suite », explique-t-il. Ce faisant, le professeur précise que le changement ne peut pas se réaliser sans une mobilisation permanente au sein de la société. « Il ne peut y avoir de changements s’il n’y a pas de classe politique et une société civile qui travaillent pacifiquement pour cela », souligne pour sa part, Me Mustapha Bouchachi, président de la LADDH. Le système algérien n’a pas l’intention, déclare-t-il, « de réformer et de se réformer, c’est aux Algériens de militer ». « S’ils le font, la société internationale va être solidaire de notre combat pour aller vers une démocratie », lance-t-il.
Pour sa part, le sociologue, Nacer Diabi est revenu sur l’impasse de la transition politique en Algérie et sur le fait que le pouvoir décisionnel est toujours entre les mains de personnes faisant partie du système à l’indépendance en 1962. Pour lui, la « génération des scribes » née à la fin de la guerre et qui est plus « instruite », plus « citadine » que celle d’avant gère les affaires du pays mais ne décide pas. Le sociologue évoque trois générations différentes. Il y a d’abord la génération de Novembre qui n’est pas instruite mais qui détient la décision politique. C’est la 1ère génération. La seconde est composée de personnes nées à la fin de la guerre de libération. Et cette dernière est instruite, mais n’a pas la décision politique. La troisième génération est composée de jeunes. Nacer Djabi met en avant la nature des rapports entre la troisième et la première génération et qui risque de provoquer un changement dans la douleur. Mais, selon lui, il existe un deuxième scénario qui est celui « d’une entente entre la 1ère et la 2ème génération pour réaliser la transition ».
Ouest- Tribune du 21-08-2011