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18 décembre 2024
Ce 18 décembre 2024 nous célébrons la journée internationale des migrants, décrétée par l’Assemblée générale des Nations unies, dans sa résolution 55/93, le 4 décembre 2000. Avant cela, soit le 18 décembre 1990, l’Assemblée générale avait adopté la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille (Résolution 45/158). Une convention ratifiée par l’Algérie en 2005.
Cette journée mondiale est l’occasion pour nous, signataires de cette déclaration, de renouveler notre solidarité avec toutes les migrantes et tous les migrants qui quittent, souvent dans la contrainte, leur pays d’origine par voie terrestre ou maritime en raison des conflits, des violences, de l’instabilité politique et économique, ou encore à cause des répercussions toujours plus dévastatrices du changement climatique. Nous rappelons aussi la nécessité de préserver la dignité des migrantes/migrants en toute circonstance, d’assister les personnes vulnérables et de garantir leurs droits fondamentaux conformément aux conventions internationales relatives aux droits de l’Homme. En effet, l’Afrique du Nord en général et l’Algérie en particulier est au carrefour des routes migratoires du Sud vers le Nord. Les flux migratoires mixtes se maintiennent indépendamment des politiques répressives des pays de la région et de l’Europe.
Les pays, autrefois dits de transit, comme l’Algérie, deviennent des pays de destination et de départ pour leur propre migration (les Harragas). Ainsi, entre 2014 et 2022, des organisations internationales ont enregistré plus de 20000 personnes disparues ou décédées en mer Méditerranée et environs 3041 personnes disparues ou décédées, au cours de l’année 2023.
Les chiffres sont en constante augmentation, surtout si l’on ajoute les personnes décédées ou disparues dans des pays de transit comme la Libye et sur la route du désert. Outre le drame des naufrages et des disparitions en mer ou dans le désert, les migrants sont confrontés aux politiques du tout sécuritaire et aux multiples formes de discrimination, de xénophobie et de stigmatisation, ainsi qu’à l’exploitation criminelle des réseaux de la traite humaine.
Plusieurs actes de cette nature sont signalés en Algérie, dont le dernier remonte à fin novembre 2024 quand des travailleurs migrants dans le secteur du bâtiment ont manifesté sur le chantier contre leur employeur qui ne les aurait pas rémunérés durant plusieurs mois. Une contestation violemment réprimée par les forces de l’ordre, suivie par des expulsions collectives des travailleurs migrants contestataires.
Face à cette situation et dans le but de garantir les droits fondamentaux des migrantes et migrants, nous, signataires de cette déclaration, demandons aux autorités compétentes :
1. Renoncer à l’approche du tout sécuritaire face à la question de la migration et opter pour des approches qui préservent la dignité des migrants et leurs droits fondamentaux.
2. Respecter les dispositions de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leurs familles.
3. Abandonner les expulsions indiscriminées et collectives des migrants à travers le désert en mettant en danger leur intégrité physique.
4. Ne plus considérer la migration comme un phénomène conjoncturel, mais une question durable qui nécessite une vision et la mise en place d’une politique à long terme.
5. Adopter une loi nationale d’asile.
6. Cesser de criminaliser l’activité des défenseurs des droits des migrants et des réfugiés et respecter leur périmètre d’action.
7. Prendre en charge politiquement et institutionnellement la question des Harragas disparus en mer.
Liste des signataires :
Le CS-LADDH
La Fondation pour la promotion des droits
Ibtikar
Riposte International
Tharwa Fadhma N’soumer
Association Shoaa
Réseau Les voix de l’information
Fondation Mon Pays pour les droits humains
Association Justice pour tous
Centre Libyen pour la liberté de la presse
Organisation Défenseurs sans restrictions
Organisation Libyenne pour des medias libres
Alliance Transméditerranéenne des femmes algériennes
Justicia Center
Organisation Libyenne d’Aide Juridique
Liberté Algérie
Le 18 décembre 2024