(Array|find{897}|oui)
23 août 2011
Alors que les textes de lois révisés, appelés à être discutés par le Parlement durant sa session d’automne qui démarre le 4 septembre prochain, fuitent dans la presse, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer les « blocages des réformes ». Certains partis politiques, présents au Parlement, comme le FNA et le RCD voient même dans la dégradation de la situation sécuritaire en Kabylie ces derniers jours le résultat de divergences au sommet de l’État sur le contenu et l’ampleur des réformes annoncées par le président de la République dans son dernier discours.
« La survenue de ces actes au moment où on s’attend à la mise en œuvre des réformes politiques souhaitées, n’est nullement un fruit du hasard mais pourrait trouver son explication dans le fait que les intérêts des partisans du statu quo actuel sont dérangés par ces réformes, annonciatrices de la volonté populaire comme source de toute légitimité politique », a affirmé lors d’une rencontre régionale samedi à Tizi Ouzou Moussa Touati, président du FNA, un parti habituellement prudent dans ses déclarations.
Peu de temps auparavant, le RCD avait suggéré l’existence d’un rapport entre la recrudescence des actes terroristes en Kabylie et les réformes. « Sans chercher à faire des distinctions sur l’origine et l’appartenance de (ces) victimes, force est de constater que la région et la période choisies comme l’engagement connu de nombreuses personnes tuées soulignent une donnée récurrente dans les phases particulièrement sensibles de la vie politique nationale : à chaque fois que les clans se déchirent à Alger, la Kabylie est mise sous tension », a écrit le RCD dans un communiqué.
Pour sa part, le MSP, un parti membre de l’Alliance présidentielle, s’est interrogé sur les blocages et les lenteurs dans la mise en œuvre des réformes annoncées. Lors d’une conférence de presse, Bouguerra Soltani avait estimé que « les lenteurs de l’administration qui ne suit pas la volonté politique déterminée à aller loin dans les réformes portent préjudice à l’intérêt national ». « Nous demandons que l’administration élève le niveau des réformes », a‑t‑il dit, faute de quoi le parti « rejetterait » ces réformes. « L’administration algérienne s’est habituée à la politique du copier‑coller. Je ne parle pas que du ministère de l’Intérieur ; celui des Finances fonctionne de la même façon. Certaines parties sont incapables de suivre les réformes exigées par le président ; elles devraient se retirer de la compétition », a‑t‑il encore accusé.
A qui profitent les fuites sur les nouveaux textes de loi ?
Alors qu’elles sont toujours en débat au sein du gouvernement et qu’elles n’ont toujours pas été soumises à la présidence de la République, des copies d’avant‑projets de révision de lois, qui devraient traduire les réformes politiques promises au mois d’avril par le président de la République dans son discours à la nation ont été diffusées par des canaux officieux. De larges extraits sur les amendements envisagés dans le Code de l’information ont été publiés, créant la polémique sur des dispositions portant sur des peines privatives de libertés à l’encontre de journalistes, pour des écrits jugés diffamatoires ou attentatoires à la sûreté et à la sécurité nationales.
Les modifications proposées par le ministère de l’Intérieur et des collectivités locales à la loi électorale, à celle sur les partis politiques et celle sur les associations sont également rendues publiques par les mêmes canaux. Et là aussi, la controverse est au rendez‑vous, à cause de multiples amendements qui n’ont pas l’heur de convenir aux partis politiques, qui récusent à l’administration centrale le droit de s’ingérer dans des affaires considérées jusqu’alors comme internes aux formations, ou encore qui n’ont pas obtenu de garanties suffisantes sur la disparition définitive de la fraude électorale des mœurs politiques algériennes.
La diffusion des avants‑projets de loi avant même leur passage par le Conseil des ministres – fait rarissime – suscite de nombreuses interrogations. Qui a organisé ces fuites et à quelles fins ? Le pouvoir cherche‑t‑il à tester l’opinion publique nationale et la communauté internationale avant de soumettre ces textes ? Certains cercles au pouvoir cherchent‑ils à faire pression sur le gouvernement pour l’amener à revoir les textes déjà débattus ? Difficile de savoir.
Dans ce contexte, il est permis de s’interroger sur l’existence de sérieuses divergences au sommet autour de la nature et du rythme à imprimer aux réformes. Conjugués à certaines orientations contenues dans certains textes, à contre‑courant des promesses présidentielles, les chamboulements régionaux avec l’imminente chute de Kadhafi, les incertitudes sur la santé du président, une chose apparaît certaine : les réformes semblent loin de faire consensus au sommet de l’État.
TSA du 23-08-2011