(Array|find{1356}|oui)

NOUREDDINE BENISSAD, PRÉSIDENT DE LA LIGUE ALGÉRIENNE POUR LA DÉFENSE DES DROITS DE L’HOMME (LDDH) :« Le projet de loi sur l’audiovisuel doit être soumis à un large débat »

L’Expression : Comment qualifiez-vous les réformes initiées par les pouvoirs publics et annoncées sur l’audiovisuel ?

Noureddine Benissad : La loi organique sur l’information a été promulguée en janvier 2011. Elle prévoit un texte ultérieur et spécifique sur l’audiovisuel. Le retard pris ainsi que l’opacité sur le contenu du projet de texte montre à l’évidence qu’il n’y a pas une volonté politique d’ouvrir le champ audiovisuel au pluralisme. La liberté d’expression et notamment de la presse ne peut être partielle, c’est un tout et on ne peut dire que la presse est libre si les médias lourds sont complètement fermés. Aussi, faut-il le dire, la liberté d’expression traduite donc par la liberté de la presse est un droit fondamental.

Démonopoliser le champ audiovisuel est une nécessité démocratique pour permettre l’expression plurielle des courants de notre société. Bien entendu, il ne faut pas permettre des cartels pour aboutir à des « monopoles pluriels ». De même que les chaînes publiques soient une nécessite, il faut, par un cahier des charges, qu’elles se transforment en espaces d’expression plurielle et démocratique et non en canaux de propagande.

Quelle lecture faite-vous de l’apparition de certaines chaînes de télévisions privées en Algérie ?

Comme je vous l’ai déjà dit, il n’y a pas encore de cadre juridique qui régit les chaînes de télévision privées. Ces chaînes n’ont pas d’existence légale. On peut dire que « nécessité fait loi » à condition qu’on ne fait pas dans la sélection. Cependant, force est à la loi et il y a lieu de régir cette question par une loi qui consacre la liberté d’expression et qui définit les conditions de création de chaînes de télévisions et de radios transparentes, garantissant le pluralisme sous une autorité de régulation indépendante. Le projet de texte sur l’audiovisuel doit être soumis à un large débat public et doit s’inscrire dans une perspective démocratique et dans le sens de l’ouverture à l’investissement privé tout en préservant le secteur public. L’Algérie a besoin de réformes politiques, économiques et sociales, profondes, globales et immédiates pour répondre aux attentes des citoyens. Nous sommes très en retard sur ce plan même au niveau du continent africain.

Qu’en est-il des libertés politiques en Algérie ?

Les libertés politiques sont consacrées par la Constitution et les conventions internationales relatives aux droits de l’homme ratifiées par l’Algérie. Dans les faits, on peut faire deux observations : Il y a des lois qui ne sont pas conformes aux textes suscités.

Et deuxièmement, il y a d’autres lois, qu’on peut considérer globalement comme répondant aux standards internationaux par ceux-là même qui sont chargés de veiller à leur application. Nous militons pour la mise en conformité de ces lois libertaires (liberté d’association, loi sur l’information, liberté de manifestation, etc..) avec les principes énoncés par la Constitution et les différentes conventions internationales.

L’indépendance du pouvoir judiciaire implique que les juges protègent ces libertés contre les abus de l’administration et produisent des arrêts de principe qui réaffirment ces libertés comme des droits fondamentaux.
Il est pratiquement impossible de manifester, de se rassembler et de tenir des réunions publiques avec leurs corollaires, les libertés d’expression et d’opinion.
Plusieurs militants des droits de l’homme, syndicalistes font l’objet de poursuites judiciaires du fait de l’exercice de ces droits précisément.