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13 février 2010
L’état d’urgence, instauré le 9 février 1992 en Algérie pour un an, fut reconduit l’année suivante pour une durée indéterminée. A ce jour, il n’a jamais été levé. Joint par téléphone à Alger, le président de la Ligue Algérienne des Droits de l’Homme (LADDH), Mustapha Bouchachi, s’en inquiète.
Qu’implique l’état d’urgence concrètement aujourd’hui en Algérie ?
L’état d’urgence, tel qu’il est instauré aujourd’hui en Algérie, est une mesure anti-constitutionnelle. Toute décision de le prolonger ou d’y mettre fin doit être décidée par le Parlement. Il avait été instauré le 9 février 1992 afin de combattre le terrorisme. Or, le gouvernement ne cesse de répéter depuis une dizaine d’années que le terrorisme est vaincu et que l’heure est à la réconciliation nationale mais il refuse de lever l’état d’urgence. Ce dernier est devenu permanent comme en Egypte ou en Syrie. Il s’agit d’une violation de la Constitution et de l’Etat de droit. En conséquence, concrètement, cela veut dire qu’il ne peut y avoir de réunions publiques, de marches syndicales ou de création d’associations sans l’aval des autorités.
Comment la population algérienne vit-elle cet état d’urgence ?
Les gens se sont habitués. Les Algériens ont assimilé le fait que, pour créer un journal ou une organisation, quelle qu’elle soit, il leur faut forcément l’autorisation d’une institution du régime. Les enfants qui sont nés en 1992 ont dix-huit ans aujourd’hui ; ils ont vécu toute leur vie dans cette situation et c’est presque devenu normal à leurs yeux. Mais j’aimerais vous dire que la société civile et les partis politiques se battent depuis des années pour faire valoir que le premier pas vers un Etat de droit passe par la levée de l’état d’urgence.
Vous avez tenu une conférence de presse au siège de la LADDH le 9 février. Quel était votre objectif ?
Nous avons lancé un appel à une coalition nationale qui regrouperait intellectuels, société civile et partis politiques, même ceux qui sont au pouvoir, afin d’établir une feuille de route, une démarche qui signifierait au pouvoir que la société tout entière demande la levée de l’état d’urgence. Voilà ce à quoi nous travaillons. Nous allons en appeler au Parlement, au Président de la République Abdelaziz Bouteflika et à toutes les forces vives de ce pays.
Vous souhaitez renouveler cet appel chaque 9 février jusqu’à la réalisation de votre objectif. Pensez-vous que la situation peut se débloquer rapidement ?
Je pense qu’il faut faire confiance à l’opinion publique algérienne. Mais nous aimerions également mobiliser la commuauté internationale pour faire pression sur le régime algérien.
Par Amina Semmoud
source:http: //www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/l-etat-d-urgence-en-algerie-est-anti-constitutionnel_848604.html