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15 janvier 2012
Au lendemain d’un weekend particulièrement mouvementé, la tension semble décliner à Laghouat pour laisser place à un apaisement que tout le monde craint tant la situation peut à tout instant basculer.
l faut dire que l’on a craint le pire, hier, lorsque les rumeurs les plus folles circulaient la veille, vendredi, sur de grandioses manifestations. Il n’en fut absolument rien et la ville a renoué avec son calme légendaire, quoique la tension ait été encore de mise. Les mêmes appréhensions que celles de la veille du vendredi quand la rumeur, encore elle, parlait de marches populaires à partir des mosquées juste après la grande prière hebdomadaire. Ce que, d’ailleurs, les autorités aussi bien civiles que sécuritaires ont pris au sérieux avec, pour les premières, la sollicitation par le wali des imams de la ville, invités à prêcher la bonne parole, et pour les secondes, un déploiement des forces d’intervention en nombre quoique discret, présence massive de représentants de la presse oblige. Des précautions ajoutées au degré élevé de conscience des manifestants qui ont déjoué toutes ces manœuvres, se contentant du traditionnel rassemblement à la place de la « résistance », attenant à la Grande Poste, baptisée place de la résistance par les manifestants. Ce qui n’a pas été sans provoquer, néanmoins, quelques escarmouches avec les forces de sécurité. C’était au moment où les jeunes convergeaient vers ce lieu de la protestation avant que le calme ne prenne aussitôt le dessus. En fait, les jeunes voulaient marcher sur la Wilaya, sise non loin de là, pour crier leur colère et réitérer leur second mot d’ordre, celui du départ du chef de l’exécutif de wilaya. Et au fur et à mesure que les minutes s’égrenaient, la foule grossissait sans qu’aucun incident majeur soit signalé. Et fait inédit dans cette protestation, un débat a été initié à la belle étoile, et ce, jusqu’aux environs de minuit. Selon Yacine Zaïd, président du bureau local de la Laddh (Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme), tout le monde a pris la parole relayée par des haut-parleurs, pour exprimer son avis. « Des moments qui nous renvoient aux anciennes assemblées des douars et dechras », lâche notre interlocuteur qui poursuivra par dire que les avis étaient partagés entre ceux qui se limitaient au seul élément déclencheur de la contestation, à savoir l’annulation pure et simple des listes des bénéficiaires des logements sociaux, et ceux qui exigent, outre ce préalable, le départ du wali. Yacine Zaïd affirme que des avocats de même que la ligue qu’il représente localement ont été sollicités dans la nuit de vendredi à samedi par des manifestants. Objet de leur requête : des poursuites judiciaires que ces derniers voudraient engager à l’encontre d’agents de l’ordre qui leur auraient, certificats médicaux à l’appui, provoqué des blessures. Il faut noter que les bénéficiaires de ces fameux logements de la discorde en ont pris déjà possession et les taudis qu’ils occupaient aux bidonvilles Lamhafir et Lafrane ont été rasés. Les sites devant abriter, selon le wali, un projet de 400 logements sociaux, un pôle universitaire et bien d’autres équipements publics. Autant dire que le préalable des manifestants d’annulation pure et simple des listes des bénéficiaires est du domaine du laborieux, voire de l’impossible en dépit des promesses du wali de les revoir. Car, une éventuelle révision de ces listes provoquera le mécontentement des bénéficiaires qui n’accepteront certainement pas de se faire abréger le bonheur longtemps attendu de bénéficier d’un toit décent. Affaire à suivre…
M. Kebci - Alger (Le Soir)
15-01-2012