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6 décembre 2011
Nombreux sont les Subsahariens africains qui séjournent à Oran, ville de transit, avant de rejoindre d’autres destinations. Ces jours-ci, plusieurs cas de refoulement ont été signalés, ce qui a alerté les membres de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme, à Oran. Ces refoulements collectifs sont qualifiés de non-respect de la loi « aggravé par le fait qu’il y a eu séparation des enfants et de leurs familles.
Les enfants sont restés à Oran, après un passage au sein du siège de la Sûreté de wilaya d’Oran et se trouvent aujourd’hui en situation de danger puisque éloignés de leurs parents qui ont été acheminés comme du bétail vers la ville de Tamanrasset », peut-on lire dans un communiqué émanant de la LADDH Oran.
Ils seraient 14 femmes et une centaine d’hommes à avoir été refoulés durant le mois de novembre. Les enfants, eux, ont été laissés par leurs mères à Oran car craignant pour leur vie et leur santé à cause des conditions dures et inhumaines de leur transfert. Un abandon qui ne s’est, d’ailleurs, pas déroulé sans grande peine et même contre la volonté des autorités locales, nous dit-on au niveau du Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (Snapap). « Sommées de monter dans « le panier à salade », quatre mères subsahariennes dans la douleur la plus extrême décident d’abandonner leurs progénitures, Jouana âgée de 9 jours seulement, Van Winter 8 mois, M’Bang Brayane 10 mois, Amed 5 mois, sur le parterre glacé des geôles au sous-sol du commissariat central d’Oran, un supplice et un sacrifice pour ces mamans pour sauver leurs enfants. Cette effroyable scène s’est produite le 24 novembre 2011 à la direction de la Sûreté de wilaya d’Oran. » Le jour de leur transfert à Mostaganem, première étape du refoulement, les quatre mères avaient refusé d’être embarquées avec leurs bébés, souhaitant leur éviter une mort certaine puisque « une fois aux frontières, les migrants sont systématiquement lâchés et abandonnés sans ressources dans le néant du désert », lit-on dans un communiqué du Snapap. Les mères ont menacé de se suicider si on les obligeait à prendre leurs bébés avec elles, c’est ainsi que les bébés sont restés et ont été récupérés par des Subsahariens pas encore concernés par le refoulement. Toujours selon le Snapap, les mamans ont quitté le camp de rétention d’In Salah pour Tamanrasset et ceci après avoir effectué le trajet Oran-Mostaganem-Relizane- Tiaret-Laghouat-Ghardaïa- In Salah. Le 4 décembre, elles sont arrivées à Tamanrasset avec une soixantaine de migrants. Le Snapap considère cette situation comme une violation de la convention relative aux droits de l’enfant et d’ajouter : « L’Etat a failli à assurer à l’enfant la protection et les soins nécessaires à son bien-être. Le refoulement se passe dans des conditions inhumaines. » La LADDH Oran tient à dénoncer les conditions dans lesquelles se sont effectuées certaines arrestations « qui se sont déroulées alors que les personnes avaient accouché, cas de Mme Michelle Gono qui a été arrêtée à l’hôpital d’Oran, une journée seulement après qu’elle eut accouché et qui a séjourné avec son bébé d’un jour dans les cachots du siège de la Sûreté de wilaya ». Citant également le cas de Mme Aminattou Diolo qui devait, selon la LADDH, soigner son bébé de 5 mois et qui a été arrêtée et embarquée avant même que son enfant reçoive les soins. La LADDH considère tous ces actes contraires à la loi 08/11 du 25 juin relative aux conditions d’entrée, de séjour et de circulation des étrangers en Algérie et qui sont contraires aux affirmations faites par le représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations unies à Genève. Tout en demandant le blocage de ces refoulements, la LADDH revendique l’élargissement de la couverture sanitaire à ces personnes. Et d’ajouter : « La vie humaine et le respect des droits de la personne humaine ne dépendent ni de la situation sociale des personnes ni de la couleur de leur peau et encore moins de la couleur de leur passeport. » La LADDH et le Snapap exigent le retour des quatre mères auprès de leurs bébés ainsi que la pénalisation et la condamnation des agents de l’Etat à toute pratique policière discriminatoire de contrôle et d’arrestation au faciès.
A. B.
le Soir d’Algérie du 06-12-2011