(Array|find{1171}|oui)
14 février 2012
Entre les flocons de neige et la grande panade nationale du gaz butane, les algériens ont constaté, une fois de plus, que dans leur pays, il y a une armée, une police, des pouvoirs mais pas d’Etat. Quelques flocons de neige et se dénude toute cette fausse et grossière ruse que les bureaucrates politiciens déploient, en direction des occidentaux qui n’en pensent pas moins, pour jurer que tout va bien.
Les algériens, entre routes coupées et isolement, n’avaient de choix que de faire la prière de l’Etat absent ! Le pire des constats pour un pays qui a tant sacrifié pour créer un Etat qui assure la suprématie de la loi, la régulation des activités économiques et un minimum de services publics. Il fallait être au centre d’enfutage de Sidi R’zine, dans la grande « chaine » du froid constituée par des algériens venus de loin pour accéder à la « bouteille de gaz » pour constater à quel point ce régime de pouvoirs multiples et diffus mais sans Etat est une faillite. Et qu’il est une affligeante antithèse des longues luttes des algériens pour qui le rétablissement ou l’établissement d’un Etat algérien était synonyme de liberté, de dignité, de respect de la loi et un garant du progrès social. Aujourd’hui, on connaît même des batailles de « tribus » sous le froid et on mesure à quel point ce régime, sans vision et sans programme autre que de se perpétuer, organise la régression et sape le désir du vivre en commun des algériens. Prendre des mesures préventives alors que toutes les météos du monde annonçaient les intempéries allait de soi. Et ce n’est pas forcément une question de moyens mais de dispositions et d’organisations rendues inopérantes par l’inexistence d’une logique d’Etat. Pendant que des algériens étaient à la peine, à l’aéroport d’Alger, Sihem Bensedrine, la militante des droits de l’homme tunisienne – et donc algérienne n’en déplaise à ceux qui veulent faire des frontières appelées à disparaître des barreaux et des barrages – a découvert que la police faisait de la « prévention » et qu’elle veille à respecter scrupuleusement à la mise en œuvre des listes noires dressées par un obscur pouvoir de ce régime sans Etat. Pendant quelques longues heures, les algériens déjà affligés par ce qui était subi par les humbles de leur pays sous le joug du froid et de l’imprévoyance, ont eu la honte d’être sous le joug d’un régime qui ne fait même pas les « mises à jour » élémentaire de ses tristes listes noires.
Verbeusement patriote !
Dans ce régime où le « patriotisme économique » et le « patriotisme » est très verbeux, Mohamed Benmeradi, une « tête » ministérielle qui s’occupe de l’Industrie et des PME et « négocie » avec M.J.P Raffarin des relations économiques algéro-françaises, est arrivé à étonner les algériens. Pourtant, ils sont blasés les algériens et en ont vu des ministres de toutes les couleurs et de toutes les tailles raconter des choses et leur contraire en l’espace d’un jour ou deux. Ces algériens qui lisent les journaux, surfent sur Internet, se sont sentis humiliés par les propos du PDG de Renault, Carlos Ghosn affirmant de manière sentencieuse qu’il ne permettra à personne de venir créer une usine automobile en Algérie tout en signifiant à M.Benmeradi qu’il pas prêt de conclure. Tous les algériens s’attendaient à ce qu’une « sévère mise au point » vienne d’un gouvernement algérien qui fait dans le « patriotisme économique » pour dire à Ghosn d’aller se faire cuir un œuf… Mais que Nenni, tout ce que les algériens ont clairement compris n’était pas évident pour M.Benmeradi. Il n’a en effet vu que du « positif » dans les propos du PDG de Renault. Lequel se moque ouvertement d’un gouvernement qui a décidé qu’installer une usine Renault en Algérie était un objectif national presque « vital »… pour l’économie algérienne. Comment un ministre peut-il faire mine de ne pas comprendre ce que dit Carlos Ghosn avec une évidente clarté ? Que non seulement Renault n’a aucune intention de venir en Algérie – c’est un pays où l’on s’ennuie disent ses cadres, pas comme au Maroc où les joies et les plaisirs sont légions – mais qu’elle ne permettra à aucun autre de venir construire une usine en Algérie ? Mais peut-être que le « patriotisme économique » version locale s’accompagne d’une novlangue inaccessible au commun des algériens… Le gouvernement croit que ces algériens qui comprennent de manière une phrase avec un sujet et un verbe et un complément d’objet vont être occupés par son nouveau PAP. Pas le programme anti-pénuries puisqu’on sait que le gaz et les vivres ont manqué à des algériens qui vivent à deux ou trois kilomètres des villes. Non, le nouveau PAP, le beau PAP de la ruse grossière, c’est le Programme antipartis. Vous avez eu dix partis ? On va vous en rajouter 20 ! Qui dit mieux. Après les années Zerhouni de zéro-partis nous avons les semaines Kablia des largesses. Et de sigles à profusion. Il n’y aura pas de pénurie de partis en Algérie. Mais on veillera à ce que la politique et le sérieux soit aussi rares qu’une bouteille de gaz par jours froids dans douar écrasé d’Algérie. Et M.Bouteflika apparaît à la télévision pour expédier la corvée de l’annonce des élections législatives qui prend de l’avance en déclarant que si les algériens n’iront pas voter ce sera la faute des algériens et des partis…. Elémentaire mon cher Daho !
« Du mouron pour l’âme du ffs ! »
A l’aune de cet opéra-bouffe du nouveau PAP du pouvoir, le débat qui se déroule au FFS sur le thème de la participation ou non est phagocyté par des interventions externes qui soudainement se soucient de « son âme ». Et bien sur, de manière sincère - mais le plus souvent insincère – la tendance est d’inciter le FFS à ne pas y aller. Après tout la conclusion est aisée en apparence : le régime organise une énième comédie des élections. Et il faut ne pas y être. C’est une réponse possible. Mais en toute honnêteté pas, elle n’est pas la seule. Participer en connaissance de cause et en intégrant parfaitement le fait établi que le régime n’a aucune intention de changer ses modes de contrôle par la force et la corruption, est également une option. Participer ou ne pas participer sont toutes deux des options qui ne sont pas en contradiction avec l’éthique politique que défend le FFS. Mais le FFS est tenu par sa propre expérience et sa propre expérimentation. Il est tenu aussi par l’usage que le régime fait de la « représentation » à l’APN aisément transformable en chemin d’accès à la « mangeoire » et donc de moyen de fausser et de discréditer les partis. Le choix que doit faire le FFS relève de ses propres militants et non des sollicitations de ceux qui ont souci de son âme. Il ne dépend pas non-plus de l’attitude du régime : c’est une donnée clairement établie qu’il magouille, manœuvre et manipule pour préserver le statuquo même en s’offrant de nouvelles devantures. Quel que soit le choix que fera le FFS, il y aura des écueils et des manœuvres. Le véritable enjeu est que les militants comme les élus soient engagés par le même souci éthique de faire avancer le pays. Et que la politique n’est pas une entrée en affaire mais un combat. L’engagement éthique solennel et public de défendre la politique du parti et de suivre ses décisions s’applique aux militants. Il s’applique encore davantage pour des élus qui vont se retrouver dans l’antre de la « mangeoire » où ils doivent se rappeler constamment qu’ils sont en mission pour faire changer les choses non pour participer à la dégradation orchestrée par le régime. Un parti, face à un régime manœuvrier, doit rester maitre de sa décision. Que ce soit pour aller aux élections ou pour se retirer d’une assemblée quand on constate qu’on ne peut rien y faire.
Ahmed Selmane
Mardi 14 Février 2012