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Entretien avec Abdelouahab Fersaoui, président de RAJ : "Le changement ne pourra intervenir sans la mobilisation de la jeunesse"

Vous avez prévu un séminaire du 3 au 5 octobre à Alger avec pour thème « Pour un changement responsable par une citoyenneté active ». Comment concevez‑vous le changement en Algérie vingt‑trois ans après les événements d’octobre 1988 puisque votre manifestation rentre aussi dans le cadre de la commémoration de cette date ?

Je pense que le changement ne pourra intervenir sans la mobilisation de la jeunesse. Celle‑ci doit s’impliquer dans les luttes sociales en intégrant les associations mais aussi les partis politiques. Il faut qu’elle exerce sa citoyenneté et qu’elle essaie de participer à la gestion des affaires de la cité. L’étudiant dans son université, l’enseignant dans son école, le travailleur dans l’usine, chacun de nous doit essayer d’apporter sa contribution pour tenter de changer la situation de manière organisée et pacifique.

Notre séminaire rentre dans le cadre de la rentrée sociale et de la commémoration des événements d’octobre 1988. On veut adresser à travers lui un message à cette jeunesse. Pourquoi ? Pour la simple raison qu’elle représente aujourd’hui la majorité de la population. Elle est la plus concernée par ce qui se passe actuellement dans le pays et la plus touchée par les problèmes que vit l’Algérie sur le plan politique et social. En Tunisie, en Égypte ainsi que dans d’autres pays de la région du Maghreb et celle du Machrek, elle a eu la capacité de changer les choses, de bouleverser, de basculer d’une situation où prévalait le système du parti unique, de voie unique vers une situation de démocratie et d’un état de droit.

Raj fait a vu le jour en 1993. Elle fait partie des associations ayant été créées dans le sillage des événements d’octobre 1988. L’un de ses principaux objectifs était de sensibiliser les jeunes, notamment contre le danger de l’islamisme. Comment concevez‑vous le rôle de votre organisation avec les changements que vit actuellement la région ?

Notre rôle est de mener des actions en faveur de la jeunesse. On voudrait la mobiliser, la sensibiliser et la rendre plus consciente pour ce qui est de ses droits et de ses devoirs. Comme vous pouvez le remarquer, il y a une certaine dimension maghrébine dans le programme. Nous avons invité des personnes de la région dans l’objectif d’échanger nos expériences et nos points de vue et de tisser ainsi des liens de solidarité et de soutien entre la jeunesse de la région. Il est essentiel d’aller vers ce travail de « réseautage » d’abord interne et puis régional.

Le séminaire est la première activité que nous organisons en cette rentrée sociale. Nous allons mener d’autres actions de réflexion. Nous ferons participer nos amis et nos partenaires sociaux pour sortir avec des solutions à la situation actuelle.

Pour pouvoir assumer ce rôle, avoir une grande présence sur le terrain est indispensable...

Nous avons des comités au sein des universités qui ont leurs propres programmes. RAJ mène actuellement des actions dans la mesure du possible. S’il y a un certain recul, il n’est pas à constater uniquement du côté de notre association mais de toute la société civile. Ce recul est dû à de nombreux facteurs dont le rouleau compresseur de l’administration. Donc, ce n’est pas une question de volonté mais plutôt d’une situation socio‑politique qui ne laisse pas les associations jouer leur rôle sur le terrain. Avant de demander des comptes, il faut libérer l’espace public. Maintenant, on fait de la résistance sur le terrain.

TSA Hadjer Guenanfa
02-09-2011