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Droits de l’Homme en Algérie : entretien avec Bénédicte Goderiaux, chercheuse à Amnesty International

Bénédicte Goderiaux est chercheuse à Amnesty international. Membre du groupe d’investigateurs sur l’Afrique du Nord, elle a travaillé sur l’Algérie entre 2007 et 2008, à l’époque où le pays a été examiné par le comité des droits de l’Homme de l’ONU, puis par le comité contre la torture.

Dans cet entretien, elle revient sur les difficultés rencontrées par l’ONG et ses préoccupations concernant l’Algérie.

Les chercheurs d’Amnesty International ne peuvent toujours pas venir en Algérie…

Cela fait plusieurs années qu’Amnesty International soulève la question de l’accès (au pays) avec les autorités algériennes pour pouvoir mener des enquêtes et rendre compte de la situation par nous-mêmes. Jusqu’à maintenant, nos demandes n’ont pas abouti. Nous avons reformulé, récemment, une requête auprès des autorités algériennes. Nous attendons une réponse.

Comment expliquez-vous ce refus ?

Nous n’allons pas supputer sur pourquoi les autorités ne voudraient pas nous laisser accéder au pays. Mais c’est vrai qu’à travers le monde, il y a plusieurs pays auxquels Amnesty ne peut pas accéder, dont la Chine par exemple et le Soudan du Nord. Le refus des autorités correspond, peut-être, à un manque de transparence et de volonté réelle de coopération. Et il y a, peut-être, une difficulté à admettre facilement la critique. Nous signalons les choses quand il y a un problème, car c’est notre travail. Nous essayons de nous baser sur des faits et des cas concrets. En ce qui concerne l’Algérie, nous espérons vraiment que nous pourrons nous y rendre, bientôt, pour pouvoir se rendre compte par nous-mêmes et rencontrer les autorités, qui sont également indispensables pour la promotion et la protection des droits de l’Homme.

Doit-on parler d’amélioration ou de détérioration du respect de la situation des droits de l’Homme en Algérie ?

Pour Amnesty International, la situation des droits de l’Homme a beaucoup évolué en Algérie depuis les années 1990, où des milliers de personnes ont été tuées ou ont disparu. Mais nous avons toujours des préoccupations notamment par rapport à la liberté d’expression, d’association et de réunion. Ces derniers mois, nous avons l’impression qu’il y a une tendance au harcèlement contre des personnes qui défendent les droits humains ou celles qui ont des revendications sociales.

Concernant la lutte antiterroriste et les questions de sécurité, nos préoccupations n’ont pas beaucoup changé ces dernières années. Nous sommes toujours préoccupés par le fait que le Département du renseignement et de la sécurité (DRS), par exemple, ait des pouvoirs importants en matière d’arrestation, de détention, et puisse toujours maintenir au secret des personnes soupçonnées d’actes terroristes, par exemple.

Comment faites-vous pour obtenir ce genre d’informations, puisque vos chercheurs n’ont toujours pas accès au pays ?

Même si les autorités ne nous donnent pas accès à un pays, nous continuons, bien évidemment, du mieux que nous pouvons, à enquêter sur la situation des droits humains. Concernant les personnes détenues par le DRS, nous essayons d’être en contact avec les familles. Ce sont souvent elles qui signalent une arrestation.

tsa le 23 05 2013